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C’est en 1700 qu’Antoine Letellier achète la maison de l’abbé Decrétot pour y installer une hôtellerie à cette enseigne, qu’il agrandit ensuite en y ajoutant la maison contiguë. L’établissement était alors une demeure ancienne à pans de bois, comme on le voit sur ce dessin du peintre lovérien Jacques-Philippe Renout, réalisé vers 1840.

Au cours du XIXe siècle, l’hôtel subit des transformations : la façade est entièrement rénovée et ses colombages supprimés. L’aspect extérieur demeure inchangé jusqu’en 1940 : en témoignent les cartes postales de cette époque.

Le Mouton d’argent est une adresse réputée. Le papier à en-tête (avec le dessin de la cour intérieure autrefois) vante le confort moderne de l’hôtel – chauffage central, eau chaude et froide, salle de bains (une seule, comme le montre le singulier) – et la qualité de la cuisine et de la cave. Les salons et la salle à manger servent aussi pour les réceptions. En 1928, par exemple, la société colombophile de Louviers y donne son bal annuel, les deux sociétés musicales de la ville s’y réunissent pour le banquet de la Sainte-Cécile.

Le restaurateur est également traiteur. En septembre 1936, c’est le menu proposé par le Mouton d’argent qui est choisi par la municipalité pour le banquet du concours agricole qui se tient dans la salle de réunion de la mairie. Un menu frugal, du moins frugal pour l’époque : saumon de la Loire sauce verte – poularde au riz sauce suprême – flageolets maître d’hôtel – gigot de pré-salé rôti – salade de saison – fromages variés – macédoine de fruits au kirsh – biscuits.

En juin 1940 l’établissement est entièrement détruit lors des bombardements qui ravagent le centre-ville. Il ne sera pas reconstruit. Au lendemain de la guerre, le propriétaire des murs renonce à reconstruire ses immeubles avant de se raviser par la suite.

Mais entre temps, compte tenu de la décision de son propriétaire, l’hôtelier, Lefebvre, a décidé de transférer son affaire 12 rue des Maillets dans l’ancienne maison de tolérance, qui, ayant dû fermer ses portes après le vote de la loi Marthe Richard en 1946, se trouve libre pour une nouvelle affectation. Ce nouvel Hôtel du Mouton – qui n’est plus d’argent – restera en activité jusqu’au milieu des années 1980.

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